- reconquérir
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1 ♦ Reprendre par une conquête. « Le petit Dauphin, chassé de sa capitale, dut reconquérir son royaume » (L. Bertrand). — P. p. adj. Village conquis, perdu et reconquis.2 ♦ Fig. Conquérir de nouveau. ⇒ recouvrer, regagner. Reconquérir sa liberté. — Reconquérir qqn : séduire qqn qui ne vous aimait plus.⊗ CONTR. Reperdre.Synonymes :- regagnerContraires :- reperdrereconquérirv. tr. Conquérir de nouveau.|| Fig. Reconquérir l'estime de qqn.⇒RECONQUÉRIR, verbe trans.A. — 1. Domaine milit. [Le compl. d'obj. désigne un territoire, un peuple] Conquérir à nouveau par les armes. Anton. reperdre. Reconquérir un empire, un pays, une province, une ville. Il n'y a pour lui aucun moyen de reconquérir son royaume (COTTIN, Mathilde, t. 2, 1805, p. 43). Je demandais au général Pétain de porter tous ses efforts sur la préparation d'attaque de la 10e armée, en confiant à celle-ci la mission de reconquérir le plateau de Dommiers jusqu'au ravin de Missy-aux-Bois (FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 125).— Part. passé en empl. adj., HIST. (DE FRANCE). Pays reconquis. ,,Se disait spécialement du Boulonnais et de Calais`` (Ac. Compl. 1842).2. P. anal. S'assurer à nouveau la possession de quelque chose; étendre à nouveau son emprise sur quelque chose. C'est sur l'organisation commerciale que nous devons compter pour reconquérir ces marchés et pour en conquérir de nouveaux (BRUNERIE, Industr. alim., 1949, p. 213).B. — Au fig.1. Reconquérir qqc. Retrouver, regagner, au prix d'un effort, d'une lutte, ce qu'on avait perdu. Reconquérir sa dignité, sa liberté; reconquérir l'estime, la sympathie, l'amitié, l'affection, l'amour de qqn; reconquérir son sang froid, sa présence d'esprit. N'avez-vous pas votre fortune à faire, votre nom à reconquérir? (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 452):• Reçut-il un coup? Pouvait-elle interpréter ainsi ce mélange d'agitation et d'effort sur lui-même? Il semblait dans l'obligation de reconquérir, à chaque mot, son calme.MALÈGUE, Augustin, t. 2, 1933, p. 390.— Part. passé en empl. adj. Cette atmosphère toute cristalline et comme purifiée de sérénité reconquise (RIVIÈRE, Corresp., [avec Alain-Fournier], 1906, p. 343). De cette liberté reconquise, qu'eût-il fait? (BERNANOS, Imposture, 1927, p. 370).2. Reconquérir qqna) Regagner la sympathie, l'affection de quelqu'un, lui plaire à nouveau. La plupart du temps, les petits hurlent. Il faut ensuite les reconquérir très lentement (GIDE, Retour Tchad, 1928, p. 877). En partic. Séduire à nouveau; se faire aimer à nouveau. Va défendre ta femme (...); car, si tu as pu mériter un moment de la perdre, te voilà redevenu digne de la reconquérir (DUMAS père, Mariage sous Louis XV, 1841, IV, 2, p. 185).— Part. passé en empl. adj. [Surtout en parlant d'une femme] Séduit, amoureux à nouveau. Un regard de femme reconquise. Quand ils quittèrent la table d'hôte, elle était toute rose, vibrante à son bras, reconquise (ZOLA, Nana, 1880, p. 1363). Dès le salon, elle venait vers moi, reconquise (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 119).b) Empl. pronom. réfl. Reprendre possession de soi-même, se maîtriser. Il allait encore perdre la tête, s'emballer, fourrer avec reconnaissance son nez au creux de la fleur, lorsque enfin Bonne-Amie lui dit, à temps pour qu'il pût se reconquérir et se calmer: — Tiens! la rose! à la bonne heure! le fleuriste ne m'a pas volée! (RENARD, Lanterne sourde, 1893, p. 104).Prononc. et Orth.:[
], (il) reconquiert [-
]. Ac. 1694-1740: -querir; dep. 1762: -quérir. Étymol. et Hist. Ca 1175 « conquérir, s'approprier à nouveau (un domaine, une terre, un bien) » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chron. ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 20265); fin XVe s. reconquerir inf. (EUST. DE LA FOSSE, Voyage [à la côte occid. de l'Afrique, en Portugal et en Espagne, 1479-80], p. 20 ds GDF. Compl. ); 1690 pays reconquis en parlant du Boulonnais et du Calaisis, après la reprise de Calais aux Anglais par François de Lorraine, duc de Guise [1558] (FUR.). Dér. de conquerre, v. conquérir; préf. re-. Fréq. abs. littér.:526. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 512, b) 579; XXe s.: a) 996, b) 888.
reconquérir [ʀ(ə)kɔ̃keʀiʀ] v. tr. [CONJUG. acquérir.]ÉTYM. XVe; reconquerre, XIIe; de re-, et conquérir.❖1 Reprendre par une conquête. || Le petit Dauphin, chassé de sa capitale, dut reconquérir son royaume (→ Habileté, cit. 6).2 (V. 1175). Fig. Conquérir (cit. 6) de nouveau. ⇒ Recouvrer, regagner, reprendre. || Reconquérir sa dignité (→ Essor, cit. 7), sa liberté (→ Excéder, cit. 18). — Reconquérir une femme, un homme, faire de nouveau sa conquête, la (le) ramener à des sentiments amoureux (→ Entier, cit. 16; prédilection, cit. 2).1 Le maire lui présentant les clefs, dit : « Ce sont les mêmes clefs qui ont été présentées à Henri IV; il avait reconquis son peuple, ici le peuple a reconquis son roi. »Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, I.2 Lui, se trouvait reconquis, oubliait son départ de la ferme, son mariage, l'enfant qui allait naître.Zola, la Terre, V, III.3 Tous les hommes qui ont travaillé avec suite ont ce sentiment que rien n'est jamais acquis, et que tout doit être conquis et reconquis.Alain, Propos, 9 sept. 1921, Orgueil et vanité.——————reconquis, ise p. p. adj.ÉTYM. (1273).♦ || Village conquis, perdu et reconquis (→ aussi 2. Marche, cit. 17). — (1690). Hist. || Les pays reconquis : le Bourbonnais, le pays de Calais après la prise de Calais (1558).❖CONTR. Reperdre.DÉR. Reconquête.
Encyclopédie Universelle. 2012.